Pétrarque, « Canzoniere »
Pétrarque par Giorgio Vasari, Palais Fesch, Ajaccio
« Il se compare au papillon
Comme parfois, au temps des chaleurs, on voit l’ignorant papillon charmé par la lumière voler pour son plaisir dans les yeux d’autrui, d’où il arrive qu’il meurt et qu’un autre est affligé ;
Ainsi sans cesse je cours vers mon fatal soleil qui brille en ces yeux d’où me vient une si grande douceur ; car Amour ne respecte pas le frein de la raison, et celui qui voit est vaincu par celui qui veut.
Et je vois bien à quel point ceux-ci me trouvent fâcheux, et je sais que j’en mourrai certainement, puisque ma vertu est impuissante contre ce tourment :
Mais Amour m’éblouit si délicieusement, que je pleure l’ennui d’autrui, et non mon propre malheur ; et mon âme aveugle consent à son trépas. »
Pétrarque
Canzoniere
Traduit du latin par Ferdinand L. de Gramont
Préface et notes de Jean-Michel Gardair
Poésie/Gallimard, 1983