Avag Epremian, « J’ai vu… »
« J’ai vu les rues de ma ville,
désertes et sans issue ;
j’ai vu détruit le sanctuaire unique
de mon enfance ;
les mots dont je rêvais
avaient soudain vieilli, dénués de passion ;
seul, paradant, le cadavre
des jours était en liesse…
À ma porte, comme
négligemment jetés là,
gisaient les siècles, la gloire trouble des siècles,
leurs mœurs libertines,
et, dans l’attente, un million de
pharisiens, de douaniers et de clercs
tremblants — perplexes devant la force
ultime et tragique de l’instant. »
Avag Epremian
Traduit de l’Arménien par Nounée Abrahamian & Stéphane Juranics
in Avis de recherche — une anthologie de la poésie arménienne contemporaine
Éditions Parenthèses, 2006
http://www.cipmarseille.com/auteur_fiche.php?id=2253&PHPSESSID=bbe287afc0c5756ebab8dddc2814c375