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Franck Venaille, « Ô voici des ruines »

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DR

 

« ô voici des ruines combien pénibles à franchir l’amoncellement de pierres voici qu’il forme rivière à traverser et le lit de l’eau craque et murmure

 

 

 

mais qu’il fait tendre également dans la douceur des peaux, l’odeur prégnante du foin qui fut hier ramassé par un essaim d’enfants parlant langue immature

 

 

 

et te voici allant seule dans ton corps, allant si claire toi sur qui, en entier, repose l’instinct de vie, retournez-vous allant à vos travaux, saluez celle-là

 

 

 

dis-je à l’entour mais nul n’écoute et les oiseaux dans l’alpage s’installent formant damier sur lequel prudemment les longs doigts d’un dieu bougent les figurines

 

 

 

mes angelots au plumage de flammes dirait-on près de la fontaine vous vous querellez est-ce en vous sentiment d’une mort à venir ou simple soif qui s’exprime enfançons ! »

 

Franck Venaille

Tragique

Osidiane, 2001, rééd. Poésie / Gallimard, 2010

Commentaires

  • Très cher Franck ! J'ai toujours éprouvé affection et admiration pour lui, depuis 1966, où nous avons été d'une même couvée "littéraire" chez un éditeur mi-figue, mi-raisin, puis à l'époque où je lui commandais des articles pour l'encyclopédie dont je m'occupais, vers 1968/69. Je le vis passer d'une poésie "de combat" à une intériorité qu'il dut à la lecture qu'il fit, alors, si j'ai bonne mémoire, de Kierkegaard ou de Schopenhauer. Il changea de dimension et s'approfondit considérablement.

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