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  • Xia Yu (Hsai Yu), « Hibernation »

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    DR

    « Je ne cherche ainsi qu’à engranger assez d’amour

    assez de tendresse et de ruse

    par précaution     si d’aventure

    je te rencontre à mon réveil



    je ne cherche ainsi qu’à engranger assez de fierté

    assez de solitude et d’indifférence

    par précaution     si d’aventure

    tu es déjà parti à mon réveil »

    1980

     

    Xia Yu (Hsia Yu — née en 1956 à Taïwan)

    in Le ciel en fuiteAnthologie de la nouvelle poésie chinoise

    établie et traduite par Chantal Chen-Andro & Martine Valette-Hémery

    Circé, 2004

    http://www.editions-circe.fr/livre-Le_ciel_en_fuite_%E2%80%93_Anthologie_de_la_nouvelle_po%C3%A9sie_chinoise-224-1-1-0-1.html

  • Tsa’o P’ei, « Une chanson de Yen »

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    Le chant des premières pousses, Ma Yuan, début XIIIe, Musée du Palais, Pékin.

     

    « Il est aisé de se quitter,

       Difficile de se retrouver !

    Au loin, par-delà monts et fleuves,

       Routes interminables,

    L’angoisse au cœur, je pense à vous,

       Et je ne puis parler.

    Je confie un mot aux nuages ;

       Ils s’en vont sans retour.

    Les larmes sillonnent mes joues ;

       Ma beauté se flétrit.

    Qui pourrait, accablé de peine,

       Retenir mes soupirs ?

    Je me chante des vers à moi-même

       Pour tenter de me consoler.

    Mais la joie me quitte, et la peine

       Vient me briser le cœur.

    Je m’étends, pensive, obsédée.

       Sans trouver le sommeil.

    Alors je me rhabille et sors,

       Marche de-ci de-là…

    Je regarde les étoiles, la lune ;

       J’observe les nuages.

    Un oiseau chante dans l’aurore ;

       Sa voix est pitoyable.

    Je m’attarde, et désire, et souffre…

       Je ne puis plus trouver la paix. »

     

    Yen est un pays de la Chine ancienne qui correspond en gros à l’actuelle province du Ho-pei (Hebei).

     

    Ts’ao P’ei (187-225)

    Traduit par Robert Ruhlmann

    In Anthologie de la poésie chinoise classique

    Sous la direction de Paul Demiéville

    Gallimard, 1962, rééd. Coll. Poésie/Gallimard, 2000

     

  • Chen Li, « Cartes postales pour Messiaen »

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    DR

     

     

    « Folie de papillon

     

    Elle est venue à moi

    tel un papillon. Sans hésiter

    elle s’est assise sur la première chaise devant le pupitre

    une barrette de couleur

    dans les cheveux, papillon sur papillon

     

    Depuis vingt ans, dans ce lycée

    en bord de mer, combien de papillons

    ai-je vus, êtres humains ou lépidoptères,

    empreints de jeunesse, de rêves

    virevolter dans ma salle de classe ?

     

    Oh ! Lolita 

     

    Un jour d’automne avant midi, le soleil

    si chaud, une piéride d’un jaune étincelant

    entrée par la fenêtre a tournoyé autour

    d’elle, âgée de treize ans, penchée sur son devoir,

    et du professeur distrait

     

    Soudain elle s’est levée, pour échapper à cette

    chatoyante, vibrante image

    diaprée, papillon terrifié par

    d’autres papillons : elle affolée,

    moi troublée par sa beauté »

     2001

     

    Chen Li

    Cartes postales pour Messiaen

    Traduit du chinois (Taïwan) et présenté par Marie Laureillard

    Circé, 2017

    http://www.editions-circe.fr/livre-Cartes_postales_pour_Messiaen-519-1-1-0-1.html

  • Guillaume Condello, « Ascension »

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    DR

     

    «        […] la montagne muette

    de carton pose

    pour les touristes

           (ils auront tout de même une photo)

    leur guide porte un haut-parleur à la ceinture et

    un micro il montre

           les tableaux sous les

    nuages

          silencieux

                 invisibles nous

    avons assez joué

                 anachroniques

     

    c’est notre rôle

    les poètes ne marchent plus

    dans les montagnes           aujourd’hui

    non plus

    les peintres       exilés

                 en Chine

    sur la terre

    il faut

                 redescendre

    silencieux les marches

    des mots

           dans la gorge encaissée

    je bois une dernière gorgée

     

    nous quittons la scène »

     

    Guillaume Condello

    Ascension

    Le corridor bleu, 2018

    https://www.lecorridorbleu.fr/

  • Frédérique Germanaud, « Intérieur. Nuit »

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    DR

     

    « Je tourne une page du carnet cousu

    Pas pour une autre nuit

    C’est la même

    Sans début ni fin

     

    Mon crayon

    Accroche

    Agrippé dans l’effondrement des heures

     

    C’est toute une histoire

    Qui ne s’écrira pas

     

    La nuit ne laisse pas de place

    Vaste pourtant

     

    Trop

     

    Un cendrier propre depuis trois ans »

     

    Frédérique Germanaud

    Intérieur. Nuit

    Le phare du Cousseix, 2018

    http://www.lephareducousseix.com/