Henri Thomas
Carnets 1934-1948
Éditions Claire Paulhan, 2008
UA-62381023-1
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Mon HÉROS met à nu ses nerfs
« Mon HÉROS met à nu ses nerfs tout le long de mon poignet
Régnant du poignet à l’épaule,
Il déballe la tête qui, comme un spectre ensommeillé,
S’appuie sur mon souverain mortel,
La fière épine ennemie des tours et des torsions.
Et ces pauvres nerfs ainsi reliés au crâne
Souffrent sur le papier éperdu d’amour.
J’étreins les mots fous que j’ai gribouillés
Gémissant de toutes les faims de l’amour
Et disant à la page le mal vide.
Mon héros met à nu mon flanc et voit son cœur
Marcher, comme une Vénus nue,
Sur la plage de chair et enrouler sa natte sanglante.
Dépouillant mes lombes de promesse
Il promet une chaleur secrète.
C’est lui qui tient les fils de cette boîte de nerfs
Glorifiant la mortelle erreur
De la naissance et de la mort, la triste paire de voleurs
Et l’empereur du désir.
Il tire la chaîne, la citerne se vide. »
« Deux quels qu’ils soient, s’opposent. Vous marchez sur du bruit. Le vent le plus froid souffle des confins de la peur. Qui a été couché par écrit. La passion n’est pas naturelle. Mais le corps et l’âme sont meurtris par la mélancolie, fruit des rives sèches et tordues. La perte décolore la peau. Par moments vous dévorez des pommes, à d’autres vous vous mordez la main. »
« Garten elle disait autrefois : jardin et c’était là / tout / le rose avec la peau rose dedans toute nue des roses et le rouge avec le sang etc. des baisers / oh / et les iris / les œillets / les lilas endeuillés déjà / tous les noms là-bas des fleurs et la chose sans nom dedans à porter / regarde elle disait c’est pour toi
_____________________
Licht elle disait : lumière. Chaque fleur là-bas. Coupée déjà de la lumière et annonçant la nuit dedans à venir
Regarde : multipliant comme ça la lumière
_____________________
[NOIR]
_____________________
chaque fleur oui et chaque chose comme ça / pierre / plante / bête / âme / chaque âme / chaque corps dedans abandonné déjà nu sans nom au bord de la lumière
regarde elle disait : portant déjà sa propre poussière »