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Un nécessaire malentendu - Page 35

  • Luo Fu, « En buvant avec Li He*»

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    DR

     

    « Les pierres cassent

    Le ciel tressaille

    Effrayée la pluie d’automne se fige dans l’air

    C’est alors que je découvre par la fenêtre

    Un voyageur arrivant de Chang’an sur son âne

    Il porte à son dos un sac de toile

    Rempli d’images effarantes

    Il n’est pas encore là, que les bouts de poèmes tombent comme la grêle

    Enserrant la pluie glacée

     

    Par-delà la vitre j’entends à nouveau

    Xihe qui frappe le soleil avec un bruit de cymbales

    Ah ! un lettré tellement maigre

    Maigre

    Comme un pinceau de poils de loup

    Ta large chemise de toile bleue, dans le vent

    Soulève des milliers de vagues

     

    Comme on mâchonne des pois aux cinq parfums

    Je mâchonne des quatrains. Des quatrains. Des quatrains

    Ton regard ardent

    Tient au chaud un flacon récent de vin de Huadiao

    Depuis les Tang et les Song et les Yuan et les Ming et les Qing

    Il verse enfin

    Dans ma petite tasse

    J’essaie d’enfermer le quatrain dont tu es le plus fier

    Dans une jarre de vin

    Je l’agite bien, et je vois monter une brume

    Où ivres les mots dansent, les rythmes s’entrechoquent

    La jarre cède, ta chair éclate et s’éparpille

    Dans la lande sauvage, on croirait entendre

    Les fantômes pleurer

    Les loups gémir à la ronde

     

    Allons, viens t’asseoir, je veux boire avec toi

    Cette nuit la plus noire de l’histoire

    Toi et moi ne sommes pas des gens banals

    Ne pas figurer parmi les 300 meilleurs poèmes des Tang ne nous gêne pas

    Un fonctionnaire de 9e rang, qu’est-ce que c’est ?

    Il n’y a pas lieu de s’en occuper

    Cette année-là, après avoir beaucoup bu, n’as-tu pas

    Vomi des poèmes sur les marches de jade des grandes maisons

    Buvons, allons, buvons

    La lune ce soir n’ira pas briller pour notre improbable

    Rencontre en tant de siècles

    Je veux profiter de l’obscurité écrire pour toi un poème hermétique

    S’ils ne comprennent pas, eh bien, c’est leur affaire

    Qu’ils ne comprennent pas

    Qu’après avoir lu nous nous regardions dans un grand rire »

    1979

    * Li He est un poète né en 791 et mort en 817 à Changgu (préfecture de Yigang, dans le Henan).

     

    Luo Fu

    En raison du vent

    Traduit du chinois (Taïwan) et préfacé par Alain Leroux

    Circé, 2017

    http://www.editions-circe.fr/livre-En_raison_du_vent-535-1-1-0-1.html

     

    Luo Fu, né dans le Hunan en 1928, est mort le 19 mars 2018, dans l’île de Taïwan où il avait suivi Tchang Kaï-chek en 1949 et qui était devenue sa seconde patrie.

  • Wu Ming-yi, « Le Magicien sur la passerelle »

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    DR

     

    « Quelquefois, monsieur T’ang venait nous acheter des livres, il examinait avec soin toutes nos piles avant de choisir ceux qu’il voulait. La plupart des livres dont il faisait l’acquisition étaient en anglais, simplement je n’ai absolument pas leurs titres en mémoire étant donné que je ne connaissais pas encore l’alphabet latin. Mais le fait que monsieur T’ang puisse lire des livres en anglais était pour moi quelque chose de prodigieux, je crois qu’à part peut-être le patron du magasin de disques “Columbia”, personne d’autre n’était capable de lire l’anglais au marché. Il rangeait les ouvrages nouvellement acquis sur les étagères d’une bibliothèque qu’il avait lui-même fixée près de sa salle de bains. Quand je me rendais dans sa boutique, j’avais soudain l’impression que ces livres étaient flambant neufs, comme s’ils étaient devenus d’autres livres, tout autres de ce qu’ils étaient quand ils étaient chez nous.

    Ses livres en anglais, mon père allait les acheter auprès des A-tok-a*, pour la plupart des Américains qui vivaient majoritairement sur le mont Yangming ou dans le quartier de Tienmu. Mon père disait qu’ils allaient quitter Taïwan et qu’ils vendaient tout : livres, meubles, vêtements… De nombreux amateurs d’antiquailles avaient l’habitude d’acheter les vieilleries des A-tok-a. Mon père s’intéressait, lui, à leurs bouquins en anglais. Il arrivait aussi que les gens meurent en laissant plein de livres, mon père prétendait qu’il n’était pas difficile d’obtenir ces ouvrages au rabais, car les familles acceptaient facilement de vendre, de crainte que conserver ne leur rappelle trop l’être disparu, et en conséquence ne discutaient pas du prix offert.

    Je n’ai jamais vu monsieur T’ang lire les livres en anglais car la plupart du temps sa porte était close et personne d’autre ne l’a jamais vu faire non plus, tout comme personne ne l’avait d’ailleurs réellement vu confectionner ses costumes. C’était comme si quelqu’un l’aidait en cachette, et comme si, par magie, une fois terminés, les costumes étaient repassés, sans faux pli et droits comme des pinceaux, puis enveloppés dans des housses en plastique légères et transparents accrochés sur de solides cintres en attendant d’être emportés par un client.

    En ce temps-là, je me promettais que quand je serais grand je demanderais à monsieur T’ang de me faire un costume. »

    * expression qui désigne les « Occidentaux » en taïwanais.

     

    Wu Ming-yi

    Le Magicien sur la passerelle

    Traduit du chinois (Taïwan) et postfacé par Gwennaël Gaffric

    L’Asiathèque, 2017

    https://www.asiatheque.com/fr/book/le-magicien-sur-la-passerelle

  • Liu Ka-Shiang, « Fleuve océan »

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    DR

     

    « Au siècle prochain, je serai bossu comme mon père

    atteint de maladie mortelle,

    le dos vouté,

    les veines apparentes sur de maigres bras,

    les pommettes trop saillantes,

    les joues creusées par la souffrance.

    Ne restent que ses grands yeux lumineux, malgré son air affligé.

    Alors, subitement, il s’est décidé à monter voir ses enfants,

    le temps d’un goûter, avant de se dépêcher de reprendre le train.

     

    C’est un homme qui a trahi son époque, toujours les mains dans les poches, les yeux rivés au ciel.

     

    Les fleuves sont aux océans

    ce que les îles sont aux continents.

     

    Rendez-moi, s’il vous plaît, la petite gare et son train quotidien

    le chemin de cailloux où, dès l’aube, 

    se promenaient la caille et ses cailleteaux.

    Ma maison à proximité du cimetière,

    le riz en épis qui tapissait la place du temple.

    Je barbotais dans le ruisseau en fredonnant.

    Au-dessus de ma tête, le craquement du bois ;

    sous le pont, j’entends passer le maître d’école,

    mon père, une canne à pêche à la main,

    traversant le pont à jamais. »

    22 janvier 1987

     

    Liu Ka-Shiang

    Recueil de poèmes en prose

    Préface de Tsai Hsiao-Ying, directrice du Centre culturel de Taïwan à Paris (février 2013 - septembre 2016)

    Traduit du chinois (Taïwan) par Catherine Charmant et Deng Xinnan

    Centre culturel de Taïwan à Paris, 2015

    http://www.ccacctp.org/fr/

  • Walis Nokan, « Les sentiers des rêves »

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    DR

     

    « Un après-midi d’été

     

    L’orage a cessé.

    La prairie verdoyante s’étend à travers le vallon où le bourg est niché ; au loin des montagnes, droites et solennelles, telles des médailles.

    La petite échoppe prépare un thé aux perles glacé à vous en secouer les artères.

    La maison close maquillée en hôtel ouvre grand ses portes, comme de raison.

    Là-haut dans nos montagnes, l’arbre à sel diffuse ses parfums dont les bêtes raffolent ; immobile pour longtemps, je suis le spectateur à l’œil froid.

     

     

    Le déchiffreur de rêves

     

    Mon père est le déchiffreur de rêves le plus habile de notre clan, voire de notre tribu tout entière.

    Mon père dit : un ours vu en rêve signifie qu’un membre du clan sera emporté par les esprits de la montagne. Un corbeau, c’est signe qu’il faut se laver les cheveux. Du millet indique une bonne fortune imminente. Un serpent, une grossesse possible. Et si tu me vois moi, navré, tu dois vraiment être en train de rêver. »

     

    Walis Nokan

    Les sentiers des rêves

    Traduit du chinois (Taïwan) par Coraline Jortay

    Préface de Gwennaël Gaffric

    L’Asiathèque, 2018

    https://www.asiatheque.com/fr/book/les-sentiers-des-reves

  • Ch’en Ying-Chen, « L’île verte »

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    Montagnes vertes et nuages blancs (détail), Wu Li, vers 1650, Musée National du Palais, Taipei

     

    « La bague en cloisonné

     

    Liu Hsiao-ling rattrapa Chan I-hung dehors, non loin du restaurant, et lui prit le bras. Ils descendirent en silence une petite rue tranquille qui menait à une grande artère. Plusieurs fois, anxieuse, elle observa subrepticement le profil de Chan I-hung, qui regardait droit devant lui. Le rictus que la colère, la tristesse, la honte et la souffrance avaient imprimé sur son visage, alors qu’il quittait le banquet, avait déjà disparu. Il semblait fatigué, mais soulagé. Ses traits exprimaient une joie et une douceur qu’elle ne lui avait jamais vues.

    Un taxi longeait le trottoir à côté d’eux, comme pour les inviter à monter. Chan I-hung fit courtoisement non de la tête. La voiture disparut. Liu Hsiao-ling regarda les feux arrières du véhicule qui s’éloignaient. Chan I-hung lui prit la main droite et passa la bague à son doigt. Liu Hsiao-ling se mit à pleurer.

    – Ne pars pas, dit-il, d’une voix très posée. Viens dans mon village avec moi.

    Tout en s’efforçant de retenir ses sanglots, Liu Hsiao-ling opinait sans arrêt de la tête.

    – Ne pleure pas, ajouta-t-il tendrement.

    Chan I-hung songea soudain à cette longue file de wagons de marchandises qu’il avait vu au passage à niveau, ce long train qui grondait dans la nuit, en partance pour le Sud, vers son village natal. »

     

    Ch’en Ying-Chen

    « Convoi nocturne » (1978) in L’île verte

    Nouvelles traduite du chinois (Taïwan) par Anne Breuval

    Bleu de Chine, 2000

  • Xia Yu (Hsai Yu), « Hibernation »

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    DR

    « Je ne cherche ainsi qu’à engranger assez d’amour

    assez de tendresse et de ruse

    par précaution     si d’aventure

    je te rencontre à mon réveil



    je ne cherche ainsi qu’à engranger assez de fierté

    assez de solitude et d’indifférence

    par précaution     si d’aventure

    tu es déjà parti à mon réveil »

    1980

     

    Xia Yu (Hsia Yu — née en 1956 à Taïwan)

    in Le ciel en fuiteAnthologie de la nouvelle poésie chinoise

    établie et traduite par Chantal Chen-Andro & Martine Valette-Hémery

    Circé, 2004

    http://www.editions-circe.fr/livre-Le_ciel_en_fuite_%E2%80%93_Anthologie_de_la_nouvelle_po%C3%A9sie_chinoise-224-1-1-0-1.html

  • Tsa’o P’ei, « Une chanson de Yen »

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    Le chant des premières pousses, Ma Yuan, début XIIIe, Musée du Palais, Pékin.

     

    « Il est aisé de se quitter,

       Difficile de se retrouver !

    Au loin, par-delà monts et fleuves,

       Routes interminables,

    L’angoisse au cœur, je pense à vous,

       Et je ne puis parler.

    Je confie un mot aux nuages ;

       Ils s’en vont sans retour.

    Les larmes sillonnent mes joues ;

       Ma beauté se flétrit.

    Qui pourrait, accablé de peine,

       Retenir mes soupirs ?

    Je me chante des vers à moi-même

       Pour tenter de me consoler.

    Mais la joie me quitte, et la peine

       Vient me briser le cœur.

    Je m’étends, pensive, obsédée.

       Sans trouver le sommeil.

    Alors je me rhabille et sors,

       Marche de-ci de-là…

    Je regarde les étoiles, la lune ;

       J’observe les nuages.

    Un oiseau chante dans l’aurore ;

       Sa voix est pitoyable.

    Je m’attarde, et désire, et souffre…

       Je ne puis plus trouver la paix. »

     

    Yen est un pays de la Chine ancienne qui correspond en gros à l’actuelle province du Ho-pei (Hebei).

     

    Ts’ao P’ei (187-225)

    Traduit par Robert Ruhlmann

    In Anthologie de la poésie chinoise classique

    Sous la direction de Paul Demiéville

    Gallimard, 1962, rééd. Coll. Poésie/Gallimard, 2000

     

  • Chen Li, « Cartes postales pour Messiaen »

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    DR

     

     

    « Folie de papillon

     

    Elle est venue à moi

    tel un papillon. Sans hésiter

    elle s’est assise sur la première chaise devant le pupitre

    une barrette de couleur

    dans les cheveux, papillon sur papillon

     

    Depuis vingt ans, dans ce lycée

    en bord de mer, combien de papillons

    ai-je vus, êtres humains ou lépidoptères,

    empreints de jeunesse, de rêves

    virevolter dans ma salle de classe ?

     

    Oh ! Lolita 

     

    Un jour d’automne avant midi, le soleil

    si chaud, une piéride d’un jaune étincelant

    entrée par la fenêtre a tournoyé autour

    d’elle, âgée de treize ans, penchée sur son devoir,

    et du professeur distrait

     

    Soudain elle s’est levée, pour échapper à cette

    chatoyante, vibrante image

    diaprée, papillon terrifié par

    d’autres papillons : elle affolée,

    moi troublée par sa beauté »

     2001

     

    Chen Li

    Cartes postales pour Messiaen

    Traduit du chinois (Taïwan) et présenté par Marie Laureillard

    Circé, 2017

    http://www.editions-circe.fr/livre-Cartes_postales_pour_Messiaen-519-1-1-0-1.html

  • Guillaume Condello, « Ascension »

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    DR

     

    «        […] la montagne muette

    de carton pose

    pour les touristes

           (ils auront tout de même une photo)

    leur guide porte un haut-parleur à la ceinture et

    un micro il montre

           les tableaux sous les

    nuages

          silencieux

                 invisibles nous

    avons assez joué

                 anachroniques

     

    c’est notre rôle

    les poètes ne marchent plus

    dans les montagnes           aujourd’hui

    non plus

    les peintres       exilés

                 en Chine

    sur la terre

    il faut

                 redescendre

    silencieux les marches

    des mots

           dans la gorge encaissée

    je bois une dernière gorgée

     

    nous quittons la scène »

     

    Guillaume Condello

    Ascension

    Le corridor bleu, 2018

    https://www.lecorridorbleu.fr/

  • Frédérique Germanaud, « Intérieur. Nuit »

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    DR

     

    « Je tourne une page du carnet cousu

    Pas pour une autre nuit

    C’est la même

    Sans début ni fin

     

    Mon crayon

    Accroche

    Agrippé dans l’effondrement des heures

     

    C’est toute une histoire

    Qui ne s’écrira pas

     

    La nuit ne laisse pas de place

    Vaste pourtant

     

    Trop

     

    Un cendrier propre depuis trois ans »

     

    Frédérique Germanaud

    Intérieur. Nuit

    Le phare du Cousseix, 2018

    http://www.lephareducousseix.com/

     

  • Michaël Gluck, Caroline François-Rubino, « Sur l’aube d’un ciel taché d’encre »

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    « janvier

    […]

    28

    j’apprends peu à peu

    à m’effacer dans le poème

     

    29

    resteront peut-être

    quelques murmures d’encre

     

    30

    pupilles nos poupées se noient

    dans l’encre noire des regards

     

    31

    tenir chaque matin

    un monde entre deux lignes »

     

    Chaque matin, du 29 août 2013 à fin août 2014, Michaël Gluck a écrit un distique. Caroline François-Rubino a ensuite fait un dessin pour chaque page du livre édité en janvier 2018. Cette page, complète, recopie la fin du mois de janvier 2014.

     

    Michaël Gluck

    Sur l’aube d’un ciel taché d’encre

    Dessins de Caroline François-Rubino

    Propos2éditions, 2018-05-29

    http://www.propos2editions.com/

  • Fabio Pusterla, « Le merle »

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    DR

     

    « À la clarté de l’aube

    s’il siffle,

    et si le jour n’est pas plus

    qu’une fente grise à l’intérieur du froid,

    personne ne peut l’entendre : dans le garage

    il fait encore nuit. Sursauts de tôle,

    sporadiques. Drapeaux bleus immobiles.

    Sur la glace,

    un souffle de vent passe, presque un frisson,

    un câble d’acier bat. Et s’il fouille

    dans le noir des plumes avec le bec, s’il cherche

    entre les cailloux une miette, un fil d’herbe verte

    peinant dans la fissure,

    regarde-le, regarde mieux : voilà, un moteur

    tousse derrière le coin,

    l’épuisement dure, ponctuel, opiniâtre. Mais le merle

    sautille, lève la tête,

    s’envole. »

     

    Fabio Pusterla

    Deux rives

    Traduit de l’italien par Béatrice de Jurquet & Philippe Jaccottet

    Préface de Béatrice de Jurquet

    Postface de l’auteur

    Bilingue

    Coll. D’une voix l’autre, Cheyne, 2002

    http://www.cheyne-editeur.com/index.php/d-une-voix-l-autre/184-deux-rives